57 choix c’est l’enfer! – Translation Essay
Un choix infini était supposé promouvoir le progrès, mais le fait est que cela nous rend davantage malheureux. Quelquefois, il est simplement difficile de choisir. Vous êtes dans un restaurant et le serveur est prêt à prendre
la commande. Alors que vous hésitez, il commence progressivement à scruter le plafond, puis regarde ses ongles pour enfin observer votre partenaire avec qui, il mène une conversation du regard. Chaque plat du menu devient flou à mesure que vous le regardez dans une panique grandissante. Enfin, vous choisissez désespérément quelque chose qui s’avèrera être du pied braisé dans une sauce verte gluante.
Il existe des solutions pour faire face à ces hésitations socialement inacceptables. Dans le nouveau livre, de Craig Brown, This is Craig Brown, il suggère de toujours prendre le plat numéro sept lorsque nous sommes confrontés à un environnement étranger et à un menu écrit dans une langue que l’on ne comprend pas. Mais cela n’a pas de sens. Le septième plat est toujours une purée de quelque chose dans une sauce au curry. Vous devriez toujours opter pour le sixième plat. C’est toujours du poulet sauf dans un restaurant végétarien auquel cas, le goût ressemblera de toute façon à du poulet.
Toutefois, la pensée de Brown est intrigante car elle démontre que nous avons besoin de procédés afin de nous protéger de notre incapacité à choisir entre 57 variétés de choses à peine différentiables : que ce soit les chaînes de télévision, les différentes sortes de café, les sonneries de portable téléchargeables et peut-être même finalement nos différentes relations amoureuses. Cette vision est hostile à la philosophie de notre gouvernement qui pense qu’un plus grand choix parmi les compagnies ferroviaires, d’électricité, et les différents types d’éducation nous rendra heureux. Pour ma part, il n’en est rien.
Peut-être que les gens les plus heureux sont ceux qui n’ont pas beaucoup de choix : il est bien possible que Sisyphe se soit habitué à son sort de faire rouler un rocher. Prométhée, encerclé de rochers, aurait bien pu devenir philosophique en ayant son foie mangé par un oiseau pour toute l’éternité. Ils sont tous sortis de leurs habitudes quotidiennes hédonistes et, par conséquent aucun d’eux ne fut confronté à la misère d’un choix interminable. Il est vrai que des personnes n’ayant pas ce luxe ne peuvent peut-être pas être confrontés à la misère. Si vous vivez, disons à Madagascar, où l’espérance de vie moyenne n’excède pas 40 ans et où ils n’ont pas de télévision numérique ou des Starbucks, il est très peu probable que vous soyez confrontés à l’anxiété, au stress, et à la paralysie continue causée par le fait de prendre des décisions.
La prise de décision n’était pas supposé rendre les gens malheureux. C’était supposé être le contrôle de l’autodétermination que nous chérissons tant dans une société occidentale capitaliste. Cependant, ce n’est manifestement pas cela : davantage de choix augmente le sentiment d’opportunités manquées, ce qui conduit à se reprocher le fait d’avoir manqué des occasions. Que doit-on faire ? Un nouveau livre d’un scientifique et socialiste américain, Barry Schwartz, intitulé The Paradox of Choice, montre que réduire le nombre de choix peut limiter l’anxiété.